Une expérience thérapeutique

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Brigitte Guizard – Une extraordinaire aventure humaine – juin 2020

J’ai, depuis presque trois ans (juillet 2017), énormément investi dans cette structure. D’abord dans la permanence du mercredi, puis celle du lundi, me sentant au milieu des miens et la vivant comme une famille choisie. 

En cette période charnière où l’association se termine statutairement, j’ai une pensée particulière et une reconnaissance immense pour les encadrants et pour l’animatrice d’un atelier d’écriture - tellement riche, dense et fourni - qui ont personnellement vécu cette extraordinaire aventure humaine qu’a constitué le Centre pendant près de vingt ans. 

Et bien sûr, pour Françoise Bessis, rencontrée dès mon arrivée au Centre, sa totale implication, portant sur ses épaules, tel Atlas, le monde des malades sans baisser la tête (ni les bras), respectant en cela les volontés de Pierre Cazenave.

Je souhaite également rendre un hommage particulier et plein de gratitude à des encadrants, donc anciens malades, et psychanalystes que j’ai personnellement côtoyés.

La disparition d’un Centre créé pour accompagner les malades ne peut se faire dans le silence et la finitude : son expérience pionnière sera, espérons-le, relayée par d’autres structures inspirées par un exemple semblablement humain.

Merci.

La maladie transforme.

Elle change le corps à force de lésions, de traitements plus ou moins longs, agressifs et répétés.

Elle change l’esprit, à force de sidération, d’incrédulité, de force et d’instinct de vie, de confiance en ces techniciens spécialisés que sont oncologues, radiothérapeutes, neurologues ou radio chirurgiens.

Elle change la vision de l’existence en chuchotant plus ou moins fort que l’immortalité n’est pas consécutive à la naissance, qu’elle n’est pas inhérente à l’humain et qu’elle fait partie de la vie.

Elle change le caractère à force de peur, de solitude et (quelquefois) de souffrance.

Elle provoque bienveillance à l’égard d’autrui, appétit des instants présents à vivre, heureux ou malheureux, joyeux ou tristes.

En additionnant tout ce qui précède, qui sont autant d’expériences et de sentiments profondément humains, l’île devient presqu’île et une sorte d’apprivoisement et de rapprochement d’autrui s’opère, où l’on se sent grandir et reconnue pour son identité profonde, c’est-à-dire sa fragilité mêlée d’entêtement à continuer "malgré tout".